Bonjour, Nana59820
Ta situation me fait très mal, et je n'ai pas voulu réagir dans un premier temps parce que je ne connais pas cette maladie. Mais je ne peux m'empêcher de penser à tout ce gâchis. La vie est très dure, c'est vrai, mais c'est nous par le regard que nous lui portons qui faisons en sorte qu'elle soit belle ou pas.
Quand je te lis, j'ai un peu l'impression que tu es plus tournée vers le passé (la dépression des membres de ta famille, les échecs successifs de la médecine), que tu accordes une large place à la fatalité (c'et de famille, donc c'est normal que j'en souffre aussi et que je ne puisse m'en sortir) et que tu ne mises que sur les médicaments pour en sortir, alors qu'en même temps tu ne crois plus en la médecine.
Pourquoi ne pas essayer de regarder vers l'avenir ? La dépression, oui, ma famille en a souffert, mais d'autres s'en sont tirés, et tu peux, toi aussi. Tu seras l'exception qui confirme la règle. Tu as une fille adorable, et comme tu viens de l'écrire elle est venue ce matin te réveiller, c'est une merveille. Tu peux espérer voir cette merveille tous les matins, comme le signe d'une belle journée en perspective. C'est très difficile de voir du monde mais parfois en se forçant on peut découvrir des gens merveilleux.
J'ai fait une dépression qui a duré deux ans. J'ai considéré pendant toute cette période les différentes façons de mourir, dans ma tête j'ai mis en scène mon départ (je te passe les détaisl scabreux). J'ai pleuré jour et nuit. La vie ne méritais pas d'être vécue, si c'était pour souffrir ainsi. Je savais que je ferai souffrir les miens par mon geste, mais d'une certaine façon je me complaisais aussi dans cet état. Ca fait tellement de bien de se laisser aller. Du moins pendant quelque temps. Comme toi, je suis chrétienne, et le suicide est très mal perçu. Alors au fond de moi, je me disais que je m'ensortirais un jour. Tout en échafaudant mes projets de suicide, je me répétais aussi, d'abord sans conviction et faiblement puis avec de plus en plus de conviction qu'un jour je m'en sortirais. Mais j'étais toujours au plus mal. Je crois moins au médicament que toi, j'ai toujours pensé que la volonté, la force morale était plus puissante que la médecine. Je ne voulais pas sortir, mais étant célibataire, il me fallait gagner ma vie, personne d'autre ne me prendrait en charge. Alors avant d'aller travailler, je prenais le temps (et le plaisir) de bien me maquiller (dans les 2 sens : cosmétique, mais aussi cacher mes bobos à l'âme, qui se voient forcément physiquement). Et bizarrement, alors que je mourrais en moi, les gens me disaient que j'étais radieuse. Et j'ai rencontré du monde (je me suis inscrite dans une chorale). Ca m'a aussi aidé. Aujourd'hui, je considère que c'était une étape importante, j'ai beaucoup appris : "c'est dans la nuit noire qu'on voit des étoiles"
Je t'en prie, fais encore quelques efforts. La vie vaut vraiment la peine d'être vécue. Parfois nous passons par des épreuves, qui nous aident à mieux appéhender la vie ensuite. Après la pluie le beau temps. Dis-toi que tu ne peux que remonter la pente maintenant, car tu as touché le fond. La roue de la vie tourne, un jour on est en bas, le lendemain en haut. peut être que la tienne tourne plus lentement que celle des autres, mais elle tourne toujours.
Bon courage, mais surtout reste avec nous, pour ta fille, pour ton bout de choux, mais surtout pour toi même. je souhaite de tout mon coeur que dans la nuit noire dans laquelle tu es plongée, tu vois de plus en plus d'étoiles.