Cette complication relativement rare de la grossesse (1 sur 2000 environ) résulte d'un problème qui intervient dès la conception. Si elle ne peut jamais être menée à son terme, la grossesse môlaire est aujourd'hui bien connue des spécialistes et peut être traitée sans laisser de séquelles.

Gros plan: la grossesse môlaire

De quoi s'agit-il ?

L'œuf fécondé normalement contient 46 chromosomes : 23 venant du père et 23 venant de la mère. Dans le cadre d'une grossesse môlaire (également appelée môle hydatiforme), un problème se produit au moment de la distribution des chromosomes : l'œuf contient alors 46 chromosomes uniquement paternels, et aucun chromosome maternel. C'est la grossesse môlaire complète.
Il arrive aussi que l'œuf reçoive bien les 23 chromosomes maternels, mais le double de chromosomes paternels, soient 69 chromosomes au total : c'est la grossesse môlaire partielle.

Développement

Les cellules placentaires se développent de façon anarchique, en formant des kystes qui ressemblent à une grappe de raisin. Ces kystes sont visibles à l'échographie. Il n'y a dans ce cas aucun début de développement de l'embryon, uniquement des tissus anormaux.

La grappe de kyste se développe de la même façon que dans le cas d'une môle complète, mais elle contient également un peu de tissu placentaire sain, et souvent un début d'embryon. Ce dernier peut légèrement évoluer, mais ne sera en aucun cas viable.

Traitement

Une grossesse môlaire donne presque toujours lieu à un curetage ou à une interruption médicale de la grossesse. Il arrive aussi que la grossesse prenne fin grâce à une fausse couche spontanée ; dans ce cas, et si la môle avait déjà été diagnostiquée, vous devrez faire en sorte de conserver tout tissu issu de votre fausse couche afin qu'il soit analysé par l'équipe médicale qui vous suit.

Les signes d'une grossesse môlaire

La grossesse môlaire est difficile à diagnostiquer en l'absence d'échographie. Toutefois, certains signes sont à surveiller :

Le seul examen permettant un diagnostic précis reste l'échographie : la môle prend à l'écran une apparence en « flocons de neige ». Couplée à l'observation d'autres symptômes éventuels de la liste ci-dessus, elle permet d'établir avec certitude la présence d'une grossesse môlaire.

Suivi médical et complications

Une fois la grossesse môlaire résorbée (après un curetage ou une interruption médicale de grossesse), vous devrez subir des analyses sanguines et d'urine afin de contrôler votre taux de HCG ; en effet, la môle continue à produire cette hormone tant qu'elle est présente dans votre organisme, même à l'état de minuscules fragments. Votre médecin devra donc s'assurer que votre taux d'hormone HCG baisse bien jusqu'à 0.

Vous serez ensuite surveillée médicalement durant environ 6 mois : si un fragment de môle est resté dans votre organisme, il peut en effet éventuellement proliférer et coloniser votre utérus. Des kystes se forment alors dans le tissu musculaire de votre utérus, provoquant des saignements soutenus et continus et une élévation de votre niveau d'hormone HCG.

Cette complication peut survenir plusieurs mois après l'arrêt de la grossesse et ne doit pas être prise à la légère : les môles résiduelles peuvent s'attaquer à d'autres organes comme le foie, les poumons ou le cerveau, en transitant par le sang ; c'est la grossesse môlaire invasive, plus fréquente après une grossesse molaire complète.

Ce cas de figure, qui reste rare (15% des grossesses môlaires complète et moins de 1% des grossesses môlaires incomplètes), peut nécessiter un traitement par chimiothérapie pour éradiquer toutes les cellules proliférantes. La grossesse môlaire invasive peut évoluer en choriocarcinome, une forme de cancer où le placenta se transforme en tumeur maligne. Cette évolution est rarissime : 1 cas sur 30 000. Dans tous les cas, les traitements mis en place ont une efficacité proche de 100%

Etre enceinte après une grossesse môlaire

La grossesse môlaire reste la plupart du temps un accident isolé : il existe autour d'1% de risque seulement d'en subir deux d'affilée. Un éventuel traitement par chimiothérapie ne met pas en péril votre projet de nouvelle grossesse.
Toutefois, les médecins vous recommanderont d'observer un temps d'attente avant de mettre en route un nouveau bébé : 6 mois en moyenne, ou 12 si vous avez été traitée par chimiothérapie. C'est la seule façon de s'assurer que votre taux d'hormone HCG reste durablement à 0, ce qui permettra de dater plus facilement une nouvelle grossesse !

Publié le 26-01-2011 à 00:00 | Mis à jour le 18-05-2018 à 20:59 | Rédacteur :
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