Noëlle, maman courageuse de l'ange Chloé, de Noé et d'Ella nous raconte son parcours et son combat contre un ennemi terrible : l'éclampsie. Un récit qui donne le frisson mais prouve également qu'il ne faut jamais perdre espoir !

Mes grossesses et l'éclampsie...

Notre histoire commença en 2007, au moment où nous avons décidé de venir parents. Des projets se sont bousculés, des rêves et des paroles de parents font leur apparition dans nos conversations... .

Nous n'allons pas vivre une grossesse comme les autres, sans le savoir, nous allions voir le monde d'une autre façon, sans savoir vraiment ce que cette grossesse deviendrait...

Premier enfant : l'insouciance est là, le rêve est là, et, surtout, nous ne connaissons pas vraiment les "maladies" de la grossesse.

Ma grossesse évolue, mon corps le ressent : c'est ça la grossesse ? Souffrir pour se lever le matin, avoir des crampes terribles dans le ventre, les jambes lourdes au 3e mois ? De moi–même, je décide de prendre des vitamines et d'aller voir le docteur. Il m'examine : 13 de tension, pas de choc pour lui ni pour moi puisque c'est ma première grossesse. Je vois ma fille qui bouge à l'échographie, pour moi cela veut dire que ça va ! Je ne savais pas que je commençais à souffrir d'une pré-éclampsie .

Au 4e mois, échographie et prise de tension. J'ai 14/8, la gynécologue me dit : "Ce n'est rien, vous en avez toujours eu.". Moi je n'y connais rien, je n'ai pas l'idée de m'inquiéter, on me dit que cela arrive au 4e mois... A l'échographie, ma fille est plus petite plus maigre,et là, elle me dira la même chose que pour la tension : "Cela arrive, Madame !". Au moment où elle me dit ça, je vois ma fille se retourner vers moi, ouvrir la bouche et bailler tellement fort que j'en ai eu très peur, comme un coup d'électricité s'est produit entre nous, comme pour nous dire que tout allait mal pour elle comme pour moi !

La suite ira très vite. 1 mois passe, je gonfle, je ne me lève plus trop de mon lit, je n'arrive même plus à bouger, je souffre, c'est ça la grossesse ? Je n'y crois plus, je commence à avoir des contractions très fortes au 6e mois, puis un énorme malaise vagal. C'est le moment d'aller aux urgences, nos vies commencent à être en danger !

Arrivée à l'hôpital, j'ai 18 de tension. Échographie d'urgence : tout est fini, plus de liquide amniotique, le placenta s'est totalement décollé, ma fille est partie 6 heures plus tôt... Elle m'aura épargné le fait de devoir faire un choix.

Tout est allé très vite après cela : j'ai accouché par voie basse, je n'oublierai jamais. Et pendant ce temps, le papa perdu auprès de moi... Dans ces moments-là, les papas sont oubliés des services et les gynécologues on tendance à fuir la confrontation ! 3 jours après le décès de Chloé, nous sommes sortis de l'hôpital les bras vides, douleur, tristesse et idées sombres...

Par la suite, nous avons réussi à vivre avec. Nous avons eu Noé qui est né à 35 SA suite à une éclampsie. Je n'oublierai jamais cette merveilleuse grossesse, même si parfois la peur de le perdre était bien plus forte que l'espoir. J'ai beaucoup vécu cette grossesse en spectatrice ! J'aurais eu plusieurs semaines d'hospitalisation sous surveillance mais Noé est né en pleine forme en 2009.

L'histoire se terminera avec Ella, née a 30 SA pour un poids de 1,250 kg. La grossesse de Ella ressemblait beaucoup à celle de sa soeur : souffrances et lourdeurs, tension très tôt, même sous traitement ! Les médecins décident donc de m'hospitaliser a 21 SA. Tout se stabilise grâce a un traitement.. A 23 semaines, je retourne à la maternité. Le gynécologue pense ne pas me laisser ressortir, j'avais passé les fêtes de Noël, pour lui je devais rester avec eux pour être surveillée. Il constatait chaque jour l'évolution de la maladie ...

Un soir, il n'est pas là. Le chef de service me prend la tension : je suis à 16 ! Là, tout ce bascule dans ma tête ! J'entends : "Il faut vite la transférer en niveau 3 d'urgence !" ! Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie que ce jour-là. Je pensais que tout ce que j'avais vécu m'avait rendue forte, mais non... J'ai senti des gens à l'écoute, trop même, cela m'a fait peur, j'ai brutalement réalisé que ça n'allait pas si bien !

Le lendemain, je suis transférée par le SAMU, allongée sans le droit de bouger, vers l'hôpital de niveau 3. Le trajet est long, l'infirmier me parlera tout le long du trajet sans même s'arrêter... Je ne vous oublierai jamais, vous resterez dans mon coeur Monsieur ! Je lui ai dit quand il m'a laissée dans le couloir des urgences, où j'ai passé des heures et des heures seule, à me rappeler des tas de choses de la vie, et à me dire que quand tout irai mieux, je ferai plein de choses ... C'est souvent dans ces moments-là qu'on réorganise tout !

Les heures passent, je suis enfin dans ma chambre, seule, ouf, je pourrai faire un peu comme à la maison puisque que je ne ressortirai plus pendant plusieurs semaines, pour au moins atteindre les 27 SA !

Les docteurs débarque tous dans ma chambre pour m'expliquer la suite des événements : ils vont me mettre sous perfusion pour freiner la maladie, avec échographie tous les jours et suivi de la tension tout le temps. Assez dur quand ont dort ! Les semaines passent, tout commence à aller de moins en moins bien. Je l'explique aux sages-femmes : elle me font des monitoring, et même là, tout n'allait pas super : Ella souffrait, mais pas assez pour être en alerte ; la tension allait : 16 sous surveillance.

1 mois passe. J'en suis enfin à 30 SA ! Je me réveille, pas très en forme. Au moment de me lever, je prépare ma journée et je vais me laver au cas où ! Puis finalement ma tête tourne ; vite, ma culotte, mon pyjama, j'ai du mal à enfiler ce pyjama, puis je sonne ! Et je m‘écroule par terre. Le brancardier arrive seul, croyant que j'appelais à cause de l'appareil à tension.

"Non non, je suis ici, je me sens mal !". Il m'allonge sur le lit pour que je reprenne conscience, les sages-femmes me font un monito... Ella commençait à vouloir sortir ! Les contractions fortes, je ne les ai même pas senties, tellement j'étais partie dans le malaise éclamptique ! La sage-femme me demande de rester avec elle, de ne pas dormir, elle me dit que nous allons y arriver. Il faut prendre l'ascenseur et aller en salle d'accouchement au plus vite. J'ai eu un lit-voiture de course qui roulait tellement vite que je me suis mise à rire et à leur dire "C'est pas grave" ... Voir tout les gens qui étaient presque tristes autour de moi me faisait plus mal que mon propre chagrin. Arrivée en salle, je commence à paniquer, à vouloir partir, à leur dire carrément de me tuer ! "Tuez-moi, tuez-moi ! De toutes façon je l'ai tuée !" ! Ils finiront par m'endormir, je déraillais avec ma tension qui passait de 7 à 17....

Une fois réveillée, je me retrouve sous morphine, avec des gens autour de moi qui appuyaient sur mon ventre. Où est l'accouchement de rêve, où est la grossesse de rêve dans tout ça ? J'ai du attendre bien 20 minutes en pleurant pour savoir si ma petite Ella était en vie ! 20 minute à voir de beaux bébés dans les bras des mamans, j'ai pleuré à chaque bébé qui arrivait, et moi ? Pourquoi vous ne me l'amenez pas ? Je me suis même fait gronder parce que je pleurais et parce que je parlais ...

Finalement j'aurais attendu 24 heures avant de voir Ella en réanimation pédiatrique, et j'ai pris sur moi d'y aller à pieds avec mon mari qui a été plus que laissé de coté, encore une fois ! Je me rappellerai toujours, ce fut un moment inoubliable et assez effrayant à la fois...

Les jours passent, Ella évolue bien, je dois quitter l'hôpital. Avant de partir j'apprendrais que mon éclampsie aura été encore plus grave que la première ! On a du me poser des clips aux artères utérines pour stopper l'hémorragie rétro placentaire.

Moi qui pensais vivre une grossesse normale, j'aurais vécu 3 grossesses difficiles !

La chose que je retiens : ne jamais perdre espoir, même quand vous pensez ne plus en avoir !

Publié le 28-10-2013 à 15:04 | Mis à jour le 18-05-2018 à 20:59 | Rédacteur :
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